Les obsèques chrétiennes à l'Eglise
La
célébration des funérailles en Eglise a fait l'objet, depuis plusieurs mois, d'une réflexion soutenue en conseil presbytéral. Le texte
ci-dessous a été soumis aux membres du conseil pastoral diocésain. Il a été approuvé par un vote unanime des membres du conseil
presbytéral. Je le promulgue aujourd'hui comme orientations pour notre diocèse. Sa mise en œuvre est désormais confiée à tous, aux curés, conseils pastoraux, équipes d'animation paroissiale qui y
trouveront les repères nécessaires à leurs pratiques pastorales.
+ Bruno G RUA
L'Eglise catholique attache
beaucoup d'importance à répondre aux attentes des familles en deuil et à les accompagner dans leur peine ; une enquête révèle qu'elle célèbre en France près de 80% des funérailles ; elle y rencontre un auditoire beaucoup plus
large que le cercle des pratiquants habituels et à un moment où il est particulièrement sensible à toute parole qui peut être
dite.
Dans le temps du deuil et de la souffrance humaine ou du désarroi, l'Eglise veut être présente,
• Pour témoigner de la présence et de la compassion du Christ vis-à-vis de
ceux qui souffrent,
• Pour annoncer la Bonne Nouvelle du Christ qui partage notre mort et nous donne de participer à
sa Résurrection,
• A travers sa parole et ses rites, pour ouvrir un chemin d'espérance.
On comprend qu'elle veuille être présente et qu'elle ait le souci de consacrer du temps aux rencontres, aux célébrations mais aussi à mettre en place une Pastorale qui associe
les ministres ordonnés et d'autres membres de la communauté chrétienne.
De fait, la pastorale des funérailles concerne, à des degrés divers, la communauté chrétienne toute entière. Pour tous, présence et attention
de voisinage et d'amitié, participation priante et active à la célébration. Pour une équipe de laïcs plus engagés, rencontre des familles en deuil, préparation de la célébration, accueil, animation ou conduite de la célébration,
accompagnement au cimetière, selon les possibilités et les charismes de chacun. Pour les prêtres et les diacres, présidence de la célébration, mise en œuvre de la pastorale des funérailles avec le conseil pastoral de la paroisse ou du secteur.
Quelle que soit la forme que revêt la célébration, c'est toujours la prière de l'Eglise toute entière.
Des évolutions se sont dessinées ces dernières années dont cette pastorale doit tenir compte :
L'affaissement de la pratique religieuse habituelle et donc une moindre familiarité à l'Eucharistie.
La rapide diminution du nombre de prêtres et donc l'urgente nécessité d'associer des
laïcs pour que l'Eglise puisse continuer à vivre cette part de sa mission. Ce sont particulièrement ces deux points qui appellent des
décisions pastorales communes à l'ensemble du diocèse et qui font l'objet de ces orientations.
Cette réflexion a déjà été engagée dans le diocèse depuis 1998. Elle a fait l'objet de deux documents officiels de l'évêque. Des laïcs ont été
appelés et formés. Certains exercent déjà une activité dans ce domaine. L'évolution de la situation nous amène à préciser et à aller plus loin.
La célébration de
l'Eucharistie lors des funérailles
Parce que l'Eucharistie est le
mémorial de la mort et de la résurrection du Christ, sa célébration prend évidemment tout son sens à l'occasion des funérailles chrétiennes. Mais « dans le contexte actuel, où nous sommes
confrontés à des assemblées très diverses et souvent peu familières de l'Eucharistie, il est important de l'envisager dans des conditions où elle puisse être célébrée dignement. Il faut
reconnaître que la plupart du temps, il n'est pas souhaitable que cette eucharistie soit célébrée en même temps que la célébration des obsèques à l'Eglise » * Y aura-t-il la messe lors des
obsèques ? Il n'y a pas de réponse toute faite à cette question. Cela demande un discernement pastoral au cas par cas. Le mot « messe » est-il toujours bien compris ? Il faudra être très attentif
à éviter tout ce qui pourrait apparaître comme un passe-droit ou un retour aux « classes » d'autrefois. Les seuls critères de décision doivent être de nature profondément pastorale et inspirés
par le texte cité ci-dessus de la Conférence des évêques de France La décision finale revient au curé après dialogue avec la famille ou les proches du défunt. Quelle qu'elle soit, elle sera
d'autant mieux reçue que l'on sera plus attentif à la qualité de la célébration, à l'accueil, au recueillement, à la beauté des signes, à la place de la Parole de Dieu et à l'homélie.
On invitera toujours les familles à l'Eucharistie célébrée en paroisse pour les défunts, soit le dimanche suivant, soit à une autre date fixée régulièrement chaque mois.
Cette question, eucharistie ou pas, doit être réfléchie pour elle-même et non pas simplement par rapport à la disponibilité d'un prêtre. Bien sûr, il n'y aura pas d'eucharistie s'il n'y a pas de
prêtre.(On ne donne pas la communion lors des obsèques hors de la messe). Mais la présidence des obsèques par le prêtre n'implique pas automatiquement la célébration de
l'Eucharistie.
La conduite des
funérailles par les laïcs
Prêtres et diacres sont les
ministres habituels (ordinaires) de la célébration des obsèques.
Mais la situation actuelle oblige, dans certaines circonstances, à donner délégation à des laïcs. Les diocèses qui déjà vivent cette réalité soulignent, qu'après un temps de surprise, cette
disposition est bien vécue. Elle est perçue comme un témoignage fort de charité et d'Espérance. Cela ne se fera pas en un jour, mais c'est la direction dans laquelle nous devons avancer.
Nous devons prendre des décisions claires et courageuses dans ce domaine pour préserver l'équilibre physique, psychologique, spirituel de vie des prêtres et leur permettre de faire face aux
diverses activités de leur ministère. Le ministère des prêtres ne peut pas se réduire à l'accompagnement du deuil, aussi important qu'il soit. Les prêtres doivent garder du temps pour la
catéchèse, les jeunes, la préparation au mariage, la liturgie, l'accompagnement d'équipes diverses, la présence
aux villages...Ils doivent garder du temps pour la prière, la lecture, la formation permanente, les rencontres diocésaines... Ils doivent veiller à préserver un jour de repos hebdomadaire.
Concrètement : Lorsqu'une famille prend contact pour des obsèques, avec un horaire bien arrêté, le prêtre regardera s'il est disponible. Cette appréciation est confiée à sa conscience pastorale.
Mais il est demandé aux prêtres de considérer comme prioritaires, lorsqu'ils y sont déjà engagés, tout acte du ministère, toute rencontre en diocèse et en zone, tout temps de formation, de
récollection et de retraite. Il est demandé aux familles de respecter, autant qu'il est possible, le temps de repos nécessaire à la santé des prêtres. Si le prêtre est disponible, il présidera
les funérailles. S'il ne l'est pas, soit la famille acceptera de modifier ses horaires pour choisir un autre moment où le prêtre est disponible, soit elle maintiendra son horaire et c'est un
laïc qui conduira les funérailles. Sauf rares exceptions, on ne fera pas appel à un confrère ou à un diacre voisin, surtout si l'on sait que lui-même doit déjà célébrer de nombreuses funérailles
sur son propre secteur. On peut faire appel ponctuellement à un prêtre auxiliaire. Ces appels sont toujours de la responsabilité du curé du lieu où sont célébrées les funérailles et non pas des
familles ou des Pompes Funèbres.
Si un prêtre est amené à participer à des funérailles hors de sa paroisse (famille, amis...) il ne manquera pas de prendre contact avec le curé du lieu. Il respectera ce qui est mis en place
localement, en particulier les missions confiées aux laïcs. S'il est le seul prêtre présent, c'est à lui qu'il reviendra normalement de présider la célébration.
Appeler, former, accompagner des laïcs
La mise en place progressive de ces dispositions n'est possible que si les prêtres, en lien avec leurs conseils, renforcent leurs équipes de pastorale des funérailles, en appelant de nouveaux
membres, en leur confiant progressivement de plus grandes responsabilités (rencontre des familles, préparation de la célébration si possible avec elles, mot d'accueil ou pendant le dernier adieu,
prière au cimetière), en les accompagnant régulièrement dans leurs questions psychologiques, liturgiques, spirituelles.
Le service diocésain de pastorale sacramentelle et liturgique proposera à nouveau une formation aux acteurs de la pastorale du deuil. Une place particulière y sera faite à l'apprentissage de la
conduite des célébrations.
Au sein de l'équipe de pastorale du deuil, certaines personnes pourront être désignées pour « conduire » la célébration des obsèques lorsqu'il n'y a ni prêtre ni diacre. Ces personnes devront
avoir suivi la formation proposée par le diocèse. Présentées par le curé, elles seront officiellement mandatées par l'évêque et recevront une lettre de mission. Dans l'exercice de leur charge
liturgique, elles porteront un signe distinctif (une croix) commun à tout le diocèse, manifestant ainsi qu'elles agissent au nom de l'Eglise en vertu d'une charge
confiée.
*Conférence des évêques de France. Avril 2009
Une annexe à ce texte aborde
quelques questions très concrètes concernant nos pratiques
ANNEXE
- Nous sommes appelés à
rencontrer de plus en plus de situations particulières. Nous devons vivre la pastorale des funérailles dans un véritable esprit d'accueil évangélique. Le discernement toujours nécessaire doit
tenir compte à la fois des dispositions personnelles du défunt et des convictions de la communauté locale.
Il arrive de plus en plus souvent que des familles demandent « quelque chose » à l'église pour un défunt non-baptisé. Une réponse positive peut être donnée en tenant compte des points suivants
:
La famille est catholique, en particulier le conjoint survivant ainsi que les enfants ;
Le défunt n'était d'aucune religion.
Le défunt n'avait pas exprimé de volonté contraire et avait témoigné d'une attitude bienveillante à l'égard de l'Eglise catholique.
L'accord de l'évêque ou du vicaire général a été obtenu. La célébration sera alors sans eucharistie et elle ne comportera aucun des rites qui évoquent le baptême.
- Lorsque le corps d'un défunt
est accueilli dans le diocèse après que ses obsèques religieuses aient été célébrées ailleurs, il n'est pas opportun de répéter cette célébration. Seuls les rites d'adieux peuvent être célébrés
dans l'église paroissiale avant l'inhumation.
- En ville, les prêtres sont
parfois saisis de demandes de célébrations au « funérarium ». Ces demandes sont motivées par des raisons pratiques, en réalité souvent financières.
S'il est toujours possible de prier au funérarium avec une famille à l'occasion d'une visite, le lieu de la célébration liturgique est toujours l'église paroissiale. Cette dimension communautaire
est essentielle à la foi chrétienne. Nous ne pouvons pas nous résoudre à une privatisation des funérailles. Il n'y aura donc pas de célébration au funérarium.
- La pratique de la crémation
est de plus en plus fréquente. L'Eglise catholique a toujours dit sa préférence pour l'inhumation que le Seigneur a lui-même connue mais, pour autant, elle ne refuse plus les obsèques chrétiennes
en cas de crémation, pourvu que celle-ci ne soit pas la manifestation d'une opposition à la foi en la résurrection des corps. Dans ce cas, pour des raisons à la fois anthropologiques et
théologiques, la célébration à l'église doit normalement précéder la crémation, avec la présence du corps. Les prières habituelles au cimetière peuvent être une référence utile pour accompagner
la déposition de l'urne dans un colombarium ou une tombe. Par contre il n'y aura pas d'accompagnement rituel en cas de dispersion des cendres.
- La diminution du nombre de prêtres et leur éloignement peuvent inciter les entreprises de Pompes Funèbres à traiter directement avec les familles des questions d'ordre religieux, ne serait-ce que pour faciliter leurs propres prestations. Dans la mesure où ces familles manifestent le souhait d'une célébration dans l'Eglise catholique, c'est avec la paroisse du lieu de célébration et avec elle seule que le dialogue doit être engagé et que les décisions doivent être prises. Les entreprises de Pompes Funèbres n'y sont pas habilitées. Nous n'avons pas à leur déléguer cette responsabilité.
Trois textes de l'évêque (aux entreprises de Pompes Funébres, aux familles éprouvées, aux prètres et diacres)
Article paru sur Paroisse ST-Géraud Aurillac: Célébrer les funérailles