De la part de Mgr Bruno GRUA - Fête des Familles
Le dimanche 2 octobre nous célébrons à Aurillac « » comme le feront beaucoup de diocèses en cette période. « Familles en fête » : je voudrais vous rendre attentifs à la portée de ce pluriel.
Il prend acte tout d’abord de la situation : elle est loin l’époque, si elle a vraiment existé, où la famille présentait un unique profil ! mais à coup sûr existait un modèle largement dominant. On pouvait parler de « la famille », au singulier. Chacun comprenait ce que l’on voulait dire. Le langage aujourd’hui est obligé d’ajouter un adjectif : famille traditionnelle, famille éclatée, famille recomposée, famille monoparentale…Dans notre société les parcours individuels ont pris le pas sur l’obéissance à des normes socialement reconnues. Le modèle unique a éclaté en de multiples manières de « faire famille ». Chacun, dans un parcours de vie peut en connaitre plusieurs. On peut y reconstruire un équilibre de vie. On sait aussi ce que ces passages peuvent représenter de déstabilisation et souvent de souffrances pour les adultes et leurs enfants, pour leurs familles proches et leurs amis.
Ce pluriel veut indiquer une attitude d’accueil, le 2 octobre bien sûr, mais aussi plus généralement aussi de notre Eglise diocésaine. L’assemblée synodale nous y a invités. Beaucoup ont encore de l’Eglise une autre image. Personne n’aura à présenter son acte de mariage, ni son certificat de baptême ! L’accueil se veut bienveillant, sans jugement, respectueux du chemin de chacun. Dans cette attitude, qui n’est pas relativisme mais respect, s’exprime quelque chose de notre identité chrétienne. Elle seule peut ouvrir des chemins de dialogue qui permettent à tous d’entendre des questions et de découvrir les richesses de l’autre.
Utiliser le même mot « familles » pour désigner des situations si diverses, c’est reconnaitre qu’elles gardent en commun une part essentielle de ce qui les constitue comme familles, l’amour humain source de bonheur et de vie. Utiliser le même mot ce n’est pas renoncer au trésor que nous avons reçu de la Parole de Dieu, à la lumière que notre foi projette sur la vie humaine, à la source d’amour fidèle et sans retour à laquelle les époux chrétiens communient dans le sacrement du mariage. Ce n’est pas pour l’Eglise renoncer à « réaffirmer haut et fort son idéal d’un mariage d’amour, indissoluble et vécu dans la fidélité…L’Eglise est aujourd’hui la seule à promouvoir cet idéal, la seule à valoriser le couple homme/femme en tant que tel, la seule à offrir une réponse à la soif d’absolu qui habite les jeunes amoureux » (Les familles, miroir de la société. Documents Episcopat n°5/2011 p.21). Mais utiliser le même mot c’est reconnaitre que d’autres manières de vivre que celle à laquelle les chrétiens s’engagent dans le mariage sacramentel ne lui sont pas radicalement étrangères et que, sans être parfaite, elles ont leur valeur. Il faut bien, pour entrer dans un vrai dialogue reconnaitre dans l’expérience d’autrui quelque chose qui ressemble à la sienne. Cette réflexion me fait penser, par analogie, à l’affirmation du Concile Vatican II sur les religions non chrétiennes : « L’Eglise considère avec un respect sincère ces manières d’agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui, quoiqu’elles diffèrent en beaucoup de points de ce qu’elle-même tient et propose, cependant apportent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les hommes. Toutefois, elle annonce, et elle est tenue d’annoncer sans cesse, le Christ qui est la voie, la vérité et la vie » (Déclaration sur les relations de l’Eglise avec les religions non-chrétiennes n° 2). Telle est l’attitude dans laquelle nous voulons nous situer.
Cette question de la vie familiale est au cœur des préoccupations. Sa réussite est la première attente des jeunes pour leur avenir. Nous la savons aussi fragilisée. Il faut en parler. Il faut ensemble et par l’apport de tous ouvrir une Espérance à nos familles.
+ Bruno Grua
UNE EXPERIENCE A VIVRE AVEC LES BALADINS DE L'EVANGILE